Sète 93

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Pierre François et Yves Rouquette sont nés à Sète à un an d’intervalle : 1935 et 1936. Mais leur rencontre ne date que de 1952 : dans une exposition de l’école Baudou, Pierre François montrait ses premières peintures.
« Tout nous séparait, disent-ils. Rouquette n’avait que des gavachs dans sa famille, François des Italiens. On parlait patois à la maison de la Placette et français dans celle de la rue Lazare-Carnot. Soupe aux choux contre macaronade, école laïque contre école libre, cours complémentaire pour Pierre et collège pour Yves, d’un coté l’église et le patronage, de l’autre le stand J.-B. Marty et les Dauphins du Football-club. Sans compter qu’on vivait des deux côtés du canal! »
Un soir sur les quais à parler de peinture et de poésie – et puis quarante ans de camaraderie, de copinerie, d’affection, d’admiration mutuelle, de travaux communs, de fraternité hors le sang. Pierre parrain de François Rouquette, Yves d’Agnès François…
J’avais envie de les faire parler ensemble de Sète. Ils en connaissent tout. Rouquette, le fils de cheminot-jardinier et François, le fils de mécanicien. L’un poète et peut-être bien le plus important des écrivains occitans vivants. L’autre qui libéra la peinture du Sud des carcans de l’art à la mode en y faisant jaillir la vie, l’humour, le mouvement, la couleur, le réel transfiguré par la liberté inventive.

Francis Loubatières

 

Quelques extraits du livre