À propos

pierre-francois-assis-pencheLe plus célèbre peintre du XXe siècle disait :

“Je peins par manie, comme d’autres se rongent les ongles…”

C’est un peu le cas de Pierre François, puisqu’il peint presque tout ce qui lui tombe sous la main. Autant dire que l’inventaire des objets décorés par lui est absolument impossible à faire, tant la liste serait longue.
Sa « manie », c’est la décoration. Il en est conscient, et cela explique son goût de s’intituler « peintre décorateur », plutôt qu’artiste peintre. Un artiste peintre est quelqu’un qui peint des toiles dans un atelier : or, Pierre François n’a jamais attendu d’avoir des toiles et un atelier pour peindre. La peinture lui suffit, Enfermez-le avec elle dans une pièce vide, il ornera les murs, le plafond, le sol, et il se décorera lui-même.
Ceux qui le connaissent de longue date savent qu’en lui glissant une feuille de papier (n’importe laquelle, même très abîmée) sous la main, on obtient immanquablement un dessin, une peinture.

Profit partagé : Pierre François a ainsi pu faire des livres, du théâtre… et des expositions.

On remarquera, en outre, le magnifique dialogue entre art et artisanat : tantôt avec les plaques de l’offset, tantôt avec les plombs qui sont comme de l’orfèvrerie, tantôt avec les semelles tailladées du linoléum, tantôt avec la sérigraphie. Sans oublier le crayon et la plume, les collages, les couleurs.
La dernière découverte de Pierre François (en même temps qu’il se remettait à la peinture à l’huile! …), ce fut la photocopie en couleurs. Comme si c’était l’Amérique, il n’arrêtait pas de s’exclamer: « Tu te rends compte, tout ce qu’on peut faire avec ça ? ».

Parfois on se demande comment il peut continuer à accomplir, tous les jours, des « décorations » nouvelles.. On se demande d’où lui vient l’imagination. Mais est-ce la bonne question ? En réalité, l’imagination, c’est celle du monde, et elle demeure inépuisable. D’ailleurs, voilà toute la subtile modestie de Pierre François : au lieu de se prendre pour le Grand Concepteur, il fait du coloriage et du griffonnage derrière les choses, devant elles, autour d’elles, avec elles, sur elles, au milieu d’elles. Une sorte d’incantation, ou de magie.

Il décore le monde avec le monde. N’est-ce pas pourquoi tout le monde s’y retrouve? En tout cas, tournez-le comme il vous plaira, une chose est sûre: c’est très fort. »

Bernard DERRIEU.